2012/09/15

Éloge des Batteurs (For the Drummers)


Méconnus, incultes, poilus même, les batteurs sont, malgré leur image de barbares, aussi indispensables au rock que ce prétentieux de guitariste soliste ou ce flambeur de chanteur maquillé. Pour contrer les préjugés et la condescendance habituelle qui affectent ces marteleurs, chantons ensemble une ode aux batteurs.
Le batteur, dans un groupe, c’est le type interchangeable qui tape, au fond là-bas. On le voit à peine. On ne connaît pas son nom. On louera inévitablement sa régularité - même si un batteur irrégulier ça n’existe pas - et, s’il tape fort, sa puissance. Rarement plus. Son art paraît souvent plus proche de la performance physique que de la musique. Dans l’imaginaire collectif, au mieux, il est une sorte de métronome qui, parfois, fait le spectacle. Au pire, un bourrin tout juste civilisé, incapable de lire la musique, suant et bestial. Pourtant, il semblerait que les batteurs aient une âme.
Sur scène
Soir de concert. La chaleur écrasante des projecteurs sur le crâne. Caché par les cymbales scintillantes, le batteur galère : il n’a que quelques secondes pour resserrer le pied de ce tom qui s’éloigne dès qu’on tape dessus. Pour une fois, les bavardages du chanteur l’arrangent. Enfin, la chanson va commencer. La préférée des fans, tant attendue. Immanquablement, la plus ennuyeuse à jouer pour lui. Elle plaît parce qu’elle est simple. Pas la place pour autre chose qu’une rythmique basique. Le guitariste, lui, y place son solo. Facile : le batteur est derrière lui, garant de l’ordre et du tempo. L’autre peut faire ce qu’il veut avec sa six-cordes, son parachute rythmique est en place. Le chanteur s’égosille, le public hurle sa joie et se met à taper dans les mains en rythme. “La ferme !”, pense l’homme aux baguettes. Les milliers de mains ralentissent, accélèrent, se décalent… Un beau bordel pour garder la pulsation. Heureusement les gens se fatiguent, et le batteur retourne à sa rythmique. La suite ici...

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